Projet de loi fin de vie : les gériatres veulent se faire entendre

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Les « vieux » sont-ils les grands oubliés du débat sur la fin de vie ? C’est l’inquiétude que manifestent plusieurs organisations de gériatres alors que la commission spéciale de l’Assemblée nationale chargée d’examiner le projet de loi sur l’aide à mourir doit entamer, lundi 22 avril, le cycle des auditions qui se poursuivra toute la semaine.

« Un programme dans lequel nous, gériatres, figurons parmi les grands absents alors que nous sommes en première ligne », s’indigne le docteur Sophie Moulias, gériatre hospitalier et responsable du groupe Éthique à la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG), principale organisation de praticiens spécialistes.

Plus d’un Ehpad sur deux concernés par une demande de mort

Un sentiment d’incompréhension partagé par l’association nationale des médecins en Ehpad (le MCOOR), qui, dans un communiqué publié vendredi 19 avril, interpelle directement la députée Agnès Firmin Le Bodo, présidente de la commission spéciale et ancienne ministre en charge du dossier, et son collègue Olivier Falorni, rapporteur général de cette même commission. Tous deux sont partisans déclarés d’une légalisation de « l’aide à mourir ».

« Il serait impensable, et pour tout dire scandaleux, que cette commission ignore notre expertise de terrain concernant l’accompagnement en fin de vie que nous pratiquons au quotidien », résume le docteur Odile Reynaud-Levy, présidente du MCOOR. Celle-ci rappelle que 25 % des décès enregistrés chaque année en France concernent des résidents en Ehpad, soit 150 000 personnes âgées. De même, une enquête réalisée par le MCOOR montre que plus d’un Ehpad sur deux – il en existe environ 7 500 en France – est concerné par des demandes d’euthanasie qui s’expliquent le plus souvent par la difficulté à mettre en place des soins palliatifs.

« Or, comment ne pas être abasourdi quand on constate que le grand plan décennal de développement de ces soins palliatifs, annoncé comme sans précédent, ne concernera les Ehpad qu’en 2031, prévoyant le recrutement d’un seul poste supplémentaire par établissement ? Comment voulez-vous, dans ces conditions, améliorer l’accompagnement du million de personnes âgées qui vont y mourir en France ces sept prochaines années ?», pointe Odile Reynaud-Levy.

Une dérive inacceptable de l’aide à mourir

La situation dans les hôpitaux publics n’est guère plus enviable, à en croire le témoignage de Sophie Moulias. « Que nous disent nos patients ? Qu’ils veulent être soulagés et accompagnés, et qu’ils ont déjà peur de venir à l’hôpital. Est-ce exagéré ? Malheureusement non. Mais c’est une réalité qui n’est pas entendue et même qui est niée. Or la seule indignité est celle de ne pas avoir accès à des soins de qualité. C’est cette voix des personnes âgées vulnérables que nous voulons faire entendre à cette commission et, au-delà, au grand public », plaide-t-elle.

« Deux points nous semblent particulièrement problématiques », précise le professeur Olivier Guérin, praticien hospitalier à Nice et président du Conseil national professionnel de gériatrie.

Le premier touche aux conditions d’accès à l’aide à mourir. « Pour l’instant, le projet de loi exclut les personnes ayant des troubles mentaux, mais l’on entend déjà la « petite musique » de ceux qui voudraient étendre l’accès aux patients souffrant de maladies neurodégénératives, type Alzheimer, pour peu qu’elles en aient exprimé le souhait via des directives anticipées. Pour nous, cette dérive serait inacceptable », prévient-il.

« Le second élément touche aux lieux où pourrait s’effectuer le geste létal, poursuit Olivier Guérin. Nous demandons explicitement à sortir l’Ehpad du dispositif car il nous paraît impossible de gérer l’impact d’un tel acte sur les autres résidents. Ce serait prendre le risque d’entamer la relation de confiance qui nous lie à eux. »

La présidente de la commission spéciale, Agnès Firmin Le Bodo, se défend d’avoir écarté sciemment quiconque des auditions. « Nous avons cherché le juste équilibre entre tous les acteurs du débat – et pas seulement les soignants – pour bâtir un programme dense sur le temps court d’une semaine. Si telle ou telle spécialité médicale le souhaite, elle pourra toujours déposer une contribution écrite qui sera prise en considération. De même, les quatre rapporteurs thématiques de la commission pourront procéder à des auditions complémentaires s’ils en ont le temps. Je me porte garante que toutes les voix seront entendues », promet-elle à La Croix. Par ailleurs, Olivier Falorni, le rapporteur général, indique qu’une invitation a été lancée à la Société française de gériatrie et de gérontologie pour participer à une table-ronde des professionnels de santé qui se tiendra mercredi 24 avril à 18h30. « Nous attendons leur réponse », précise-t-il.

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