Stop ou encore, et, dans ce cas, comment ? Ce lundi 29 avril 2024, la mairie du 17e arrondissement de Paris organise une réunion publique* autour d’un sujet qui sent le soufre : l’arrêt de la collecte pneumatique des déchets dans l’écoquartier Martin-Luther-King à compter du 19 mai. Les têtes d’affiche de ce rendez-vous politique : le maire d’arrondissement, Geoffroy Boulard (LR), et Antoine Guillou (PS), adjoint d’Anne Hidalgo chargé des questions relatives à la propreté de l’espace public ou encore à la réduction des déchets.
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Moins de circulation, moins de bruit, plus de propreté
Dans un communiqué diffusé début avril 2024, le premier demandait à la Mairie de Paris de revenir sur sa décision d’abandonner ce système innovant de gestion des déchets urbains, qui a la double ambition de réduire l’impact environnemental et d’améliorer la qualité de vie.
Mise en service en 2015, la collecte pneumatique consiste en effet à « acheminer les déchets ménagers et assimilés à travers un réseau de conduits souterrains grâce à un flux d’air puissant, retrace la mairie d’arrondissement sur son site. Les résidents déposent leurs déchets dans des bornes de collecte spécifiques, d’où ils sont ensuite transportés vers un centre de collecte centralisé. »
Les avantages : une diminution de la circulation des camions de ramassage traditionnel, des nuisances sonores et de la pollution atmosphérique, tout en garantissant une meilleure hygiène publique.
Un « ramassage peu performant » et trop coûteux
Seulement voilà, fin mars, après une petite dizaine d’années d’exploitation, la Mairie a décidé d’arrêter les frais. Parce que le ramassage par pneumatique s’est révélé « malheureusement peu performant », a justifié Antoine Guillou auprès d’Europe 1, citant l’AFP. Selon les chiffres avancés, « 50% des emballages recyclables devaient finalement être mélangés aux ordures ménagères, contre 20% dans une collecte classique ». Parce que le coût de son exploitation aurait explosé.
Veolia, qui assurait le service, n’ayant pas voulu renouveler son contrat, qui arrive à échéance le 19 mai, la Ville s’est mise en quête d’un nouveau prestataire. Or, la seule entreprise à s’être portée candidate a « proposé un tarif six fois plus élevé que le coût de la collecte normale ailleurs dans Paris, et deux fois plus élevé que l’opérateur actuel », a précisé Antoine Guillou.
Il convient aussi de rappeler que, dans un rapport de 2022, la chambre régionale des comptes avait déjà épinglé le coût élevé de la collecte pneumatique des déchets. « La dépense globale de fonctionnement, rapportée au tonnage de déchets collectés depuis 2015, aboutit à un coût de collecte de 912 euros la tonne. Comparé au coût à la tonne de la collecte dans les autres quartiers de Paris, évalué à 198 euros HT (2018), ce montant paraît exorbitant », pointaient les magistrats. Et d’ajouter : « À pleine capacité, le coût global (investissement et fonctionnement) sur trente ans est supérieur d’environ 65 % à celui de la collecte automobile. »
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Une « offre négociée pour maintenir le service » ?
Geoffroy Boulard, lui, ne décolère pas. Si le système n’a pas suffisamment fait ses preuves, la faute incombe à la Mairie centrale qui, « malgré les nombreuses demandes formulées par les élus du 17e arrondissement », n’a « pas inscrit les investissements nécessaires au fonctionnement optimal » de la collecte pneumatique. Et de dénoncer au micro de BFM un « non-sens écologique » comme une « gabegie financière » – le système avait nécessité un investissement de 20 millions d’euros.
Dans son communiqué, l’élu républicain rappelle que « de nombreuses villes françaises et étrangères ont mis en place ce système et continuent de le développer, preuve supplémentaire qu’il peut être efficace et rentable. Paris ne peut tout bonnement pas abandonner. » Ce d’autant plus que « l’un des membres du groupement exploitant le système [serait] prêt à négocier son offre pour maintenir le service dans de meilleures conditions », assure Geoffroy Boulard.
« Avec le chauffage par géothermique ou l’énergie solaire, la collecte pneumatique était une des attractions écologiques de l’écoquartier, où les habitants se sont progressivement installés depuis 2012 », recontextualise l’AFP. Doivent-ils s’attendre à subir la noria des camions-bennes à partir du 19 mai ? La réunion publique devrait leur permettre d’obtenir quelques éléments de réponse.
*La réunion publique se tiendra à l’école Rostropovitch, 34, rue Mstislav-Rostropovitch, de 19h30 à 21 heures.
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