Qualité de la préparation colique et mortalité par CCR d’intervalle

, Qualité de la préparation colique et mortalité par CCR d’intervalle

Le cancer colorectal post-coloscopie (CCRPC), ou cancer d’intervalle, demeure la hantise des endoscopistes lors des programmes de dépistage du CCR. Une préparation intestinale adéquate est primordiale pour une coloscopie de dépistage de haute qualité afin de détecter efficacement les polypes. Environ 20 à 40 % des préparations sont insuffisantes.

Si certaines peuvent être améliorées par un lavage per-endoscopique, 5 % sont un échec complet, nécessitant une reprogrammation avec intensification de la préparation colique. La qualité de la préparation colique est, en effet, indispensable pour augmenter le Taux de Détection des Adénomes (TDA), comme le montre la méta-analyse de Clark (1).

Des études antérieures ont montré qu’à chaque augmentation d’un point de pourcentage du TDA, le risque de PCCRC diminue de 2 à 3 %. Pour quantifier la qualité de la préparation intestinale, plusieurs échelles ont été développées, comme celle de la préparation intestinale de Boston, celle d’Ottawa et celle d’Aronchick. Elles doivent maintenant figurer sur le compte rendu pour témoigner de la qualité de l’examen endoscopique.

Plus de 300 000 coloscopies

Dans une grande base de données sur le programme de dépistage basé sur la population autrichienne, la qualité de la préparation intestinale a été estimée selon l’échelle d’Aronchick par l’endoscopiste (préparation intestinale cotée excellente, bonne, correcte, insuffisante ou inadéquate) et corrélée à la mortalité par CCRPC (2). 

Au total, 368 357 coloscopies de dépistage réalisées chez des sujets âgés de 50 ans ou plus entre janvier 2012 et décembre 2022 étaient éligibles à cette étude autrichienne. Néanmoins, les informations sur la préparation intestinale manquaient pour 18 339 participants au dépistage, alors même que le degré de préparation intestinale a été introduit comme champ obligatoire dans la base de données en 2012, menant à une cohorte d’étude de 335 466 coloscopies. 

Les endoscopistes viennois ont recommandé aux patients leurs solutions de nettoyage intestinal préférées : 58,5 % ont utilisé une solution à faible volume (300 ml de picosulfate de sodium), 16,2 % ont utilisé une solution à haut volume (4 litres de polyethylène glycol), et 25,3 % ont utilisé une solution à volume intermédiaire (2 litres de polyéthylène glycol + acide ascorbique + ascorbate de sodium). 

Au total, 125 439 (37 %) coloscopies avaient une excellente préparation intestinale, 159 719 (48 %) une bonne préparation intestinale, 37 943 (11 %) une préparation intestinale moyenne, 9 440 (3 %) une mauvaise préparation intestinale et 2 925 (1 %) coloscopies avaient une préparation intestinale inadéquate. Les purgatifs à haut et à faible volume ont atteint un taux de préparation intestinale adéquat de 97,6 % et 97,2 %, respectivement.

Par rapport à une excellente préparation intestinale, la détection d’adénome n’était pas significativement plus faible pour une bonne préparation intestinale (rapport de cotes 1,01 ; P = 0,1023) ; cependant, la détection d’adénome était significativement plus faible pour une préparation intestinale correcte (rapport de cotes 0,97 ; P = 0,0166). Les personnes qui avaient une préparation intestinale moyenne ou inférieure lors de la coloscopie de dépistage présentaient un risque significativement plus élevé de décès par PCCRC (rapport de risque pour une préparation intestinale moyenne 2,56 ; P < 0,001). 

Comment améliorer la préparation colique ? 

Plusieurs facteurs ont été associés au PCCRC, attribués soit aux caractéristiques du patient (caractères des polypes, préparation colique) soit à des facteurs procéduraux (endoscopiste). Déjà, au début des années 2000, les sociétés savantes recommandaient que la préparation intestinale pour la coloscopie soit adéquate pour assurer une détection efficace des polypes coliques.

Une mauvaise préparation colique est responsable d’une diminution logique de la détection des petits adénomes et des polypes plans ou serrated du côlon droit, dont le potentiel dégénératif est élevé, et d’une diminution de la détection de tous les adénomes avancés. 

Selon Lebwohl et coll., sur 12 787 coloscopies, la qualité de la préparation était insuffisante (médiocre ou passable) chez 3 047 patients (24 %). Parmi ceux-ci, un nouvel examen a été effectué tous les trois ans ou moins sur 505 (17 %) patients. Les facteurs associés à une coloscopie de reprise précoce comprenaient le manque d’intubation caecale et la découverte d’un polype. Sur 216 coloscopies répétées avec une préparation optimale, 198 adénomes ont été identifiés, dont 83 lors du second examen, soit un taux d’absence d’adénomes de 42 %.

Le taux d’absence d’adénome avancé était de 27%. Pour les coloscopies répétées à moins d’un an, ces taux d’absence étaient respectivement de 35 % et 36 %, suggérant que ces lésions ont probablement été non vues lors de la coloscopie initiale. La détection d’adénomes diminue de plus de 50 % chez les participants au dépistage qui ont une préparation intestinale inadéquate (< correcte, ou Boston < 6), avec une tendance similaire pour la détection de polypes dentelés ou serrated de taille <10 mm. 

Dans cette cohorte autrichienne, plus le degré de préparation intestinale est faible, plus le risque de décès par PCCRC est élevé. Ce dernier est déjà significativement plus élevé pour les participants au dépistage avec une préparation intestinale correcte ou moyenne même en ajustant les résultats avec la complétude de la coloscopie.

Les informations plus précises sur les facteurs sociaux économiques, alimentaires, le mode de vie, l’IMC, la fréquence du suivi et les modalités ultérieures permettant le diagnostic précis du CCRPC ne sont pas disponibles. Comment améliorer dans l’avenir la qualité de la coloscopie et diminuer le taux de CCRPC (2,9 à 7,9 % des examens) et son de taux mortalité sans se fonder sur l’appréciation subjective des opérateurs ? 

L’irruption de l’informatique dans le bloc opératoire dédié à l’endoscopie diagnostique et interventionnelle a provoqué de profondes modifications de travail avec la nécessité de fournir un compte rendu optimal et standardisé en temps réel. La capture d’images et la création de vidéos sont également devenues plus accessibles à tous les médecins, via des solutions externes plus ou moins intégrées.

L’arrivée de l’intelligence artificielle devrait faciliter le travail des endoscopistes en simplifiant l’accès aux serveurs et l’analyse des lésions polypoïdes par le deep learning, ainsi que l’automatisation des classifications internationales et une meilleure appréciation de l’anatomie colique (atteinte du caecum). Des solutions informatiques, basées sur l’IA permettent déjà de calculer, de façon fiable et reproductible, un e-score de Boston opposable.

Elles restent actuellement confidentielles et pourraient, à l’avenir, déboucher sur une appréciation plus objective de la préparation colique afin de permettre une reprogrammation plus rapide (inférieure à 12 mois au lieu de 36 dans ce travail rétrospectif) avec une optimisation de la préparation fractionnée et permettre, in fine, la réduction des cancers d’intervalle et de la mortalité par CCR. 

En conclusion, dans le cadre du dépistage national du CCR en Autriche, une préparation intestinale qualifiée simplement de correcte sur l’échelle d’Aronchick n’est pas seulement associée à une probabilité de détection d’adénome plus faible, mais également à un risque accru de décès par CCR, notamment de cancer d’intervalle.

L’amélioration de la préparation colique est au cœur de la préoccupation des endoscopistes pour améliorer la qualité de la coloscopie dans le dépistage des lésons précancéreuses. Cet examen opérateur-dépendant, nécessite un juge de paix informatique indépendant pour répondre aux critères de qualité exigés par les sociétés savantes et les patients. Un bon résultat de la préparation colique, dûment authentifié, devrait à l’avenir faire partie intégrante d’un examen endoscopique réussi et pertinent.

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