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Atmo Occitanie, l’observatoire régional de l’air, vient de rendre publique une étude sur l’évolution de la qualité de l’air sur une décennie entière dans la région et son constat est formel : sur la période 2009-2019, la pollution atmosphérique a baissé dans toute l’Occitanie, agglomération montpelliéraine comprise, et la qualité de l’air s’est donc améliorée. En 2023, dans son classement des villes où l’on respire le mieux, le Point plaçait d’ailleurs Montpellier à la première place.
Pollution atmosphérique et trafic
Ce constat est établi en mesurant notamment la présence dans l’air de deux éléments très polluants et particulièrement nocifs pour la santé : le dioxyde d’azote (N02), produit massivement par les moteurs à combustion interne, dont les diesels ; et les particules fines (PM2.5), produites elles-aussi par le trafic routier mais aussi par la vétusté des systèmes de chauffage, le chauffage au bois et les incendies, l’écobuage ou encore les activités de chantier… Atmo Occitanie a aussi publié une étude confirmant que la baisse de la vitesse de 20 km/h induirait celle de la pollution.
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Mieux sur l’aire montpelliéraine
Les relevés d’Atmo Occitanie, qui a installé des stations dans toute la région, ont été traduit et interprété par des médecins de l’Observatoire régional de la santé (CREAI-ORS Occitanie). L’organisme fournit des moyennes régionales mais également des études plus précises par territoire, dont celui du très grand Montpellier, une zone de mesures couvrant 115 communes pour plus de 650 000 personnes.
« La pollution de l’air, c’est la deuxième cause de décès en France avec 40 000 victimes par an… et près de 8 mois d’espérance de vie perdus ! »
« Sur ce secteur, nos relevés confirment une amélioration de la qualité de l’air qui se traduit par la baisse de 23 % des émissions de dioxyde d’azote, qui passent de 17,5 µg/m3 (µg = microgramme) à 13,5 µg/m3, et une baisse pour les particules fines de 16%, qui passent de 12,7 µg/m3 à 10,7 µg/m3 », assure Dominique Tilak, directrice générale d’Atmo Occitanie.
Déjà un peu de « chemin parcouru »
« Ces résultats confirment une amélioration de la qualité de l’air à Montpellier, en-dessous des normes imposées par la réglementation française, soit 40 µg/m3 pour le NO2 et 25 µg/m3 pour les PM2.5 », pointe le docteur Patrice Poinat, médecin en santé publique du CREAI-ORS Occitanie : « Ces résultats qui s’améliorent en 2019, c’est le chemin parcouru, mais nous sommes encore loin des normes préconisées par l’OMS, soit 10 µg/m3 pour le dioxyde d’azote et 5 µg/m3 pour les PM2.5… Pour y parvenir, il faudra maintenir l’effort, prendre de nouvelles mesures : c’est le chemin à parcourir, c’est-à-dire le gain sanitaire attendu si la qualité de l’air respectait les valeurs de l’OMS ».
« La pollution de l’air, ce n’est pas une broutille », enchaîne le médecin : « C’est la deuxième cause de décès en France avec 40 000 victimes par an… et près de 8 mois d’espérance de vie perdus ! La pollution atmosphérique induit notamment des cancers du poumon, des accidents vasculaires cérébraux, et favorise la progression des maladies asthmatiques notamment chez les 0-17 ans », insiste le médecin.
La pollution varie sur la ville
Comme à l’école, on pourrait donc donner à ces résultats la mention « Bien, mais peut mieux faire ». D’autant plus que ces chiffres fournissent des moyennes, mais il existe, à l’intérieur de la région et à l’intérieur même des villes, des secteurs bien plus pollués que d’autres. A Montpellier, en termes de pollution atmosphérique, on pense aux riverains des 4 boulevards, qui ne partageront sans doute pas le constat d’Atmo Occitanie, et aux habitants des quartiers situés près des grands axes routiers, Près d’Arènes, la Pompignane, l’avenue la Liberté, etc…
Les chiffres d’Atmo pour Montpellier
L’organisme dévoile justement quelques chiffres confirmant la disparité de la pollution atmosphérique sur la ville, « une pollution qui concerne quand même tout le monde au final, elle n’est pas immobile, elle bouge, elle se déplace », rappelle Dominique Tilak.
-Près d’arènes et Saint Denis : taux de NO2 à 15 µg/m3 ;
-Montpellier-Chaptal : le taux fleurte avec les 20 µg/m3 ;
-Montpellier-Liberté : les relevés explosent ! La pollution y dépasse les 45 µg/m3 !
-4 Boulevard : dommage qu’Atmo Occitanie ne puisse fournir les relevés précis de ce secteur où la pollution, selon les explications données aux riverains par l’organisme le 5 juillet 2023, dépasserait également les 40 µg/m3.
Les chiffres d’Atmo pour l’Hérault
-Saint Aunes : taux de CO2 près des 15 µg/m3 ;
-Béziers : le taux dépasse les 15 µg/m3.
Au global, dans le département :
-46% de la population, soit 546 000 personnes, exposée à un dépassement de l’objectif de qualité de l’air pour les particules fines PM2.5 (fixé à 10 µg/m3) ;
-1% de la population, soit 3650 personnes, exposée à un dépassement de la norme de 40 µg/m3 pour le dioxyde d’azote NO2 ;
-100% de la population, soit 1 175 600 personnes, exposée à une pollution à l’Ozone O3 (soit 120 µg/m3 sur 8h au moins un jour par an).
La pollution de l’air reste donc encore très présente, mais Patrice Poinat voit des signes encourageants dans la courbe des principaux polluants atmosphériques qui s’infléchit : « Cette amélioration est la cause de multiples facteurs, mais on peut y voir, ici à Montpellier, l’impact des véhicules électriques, le développement du tram et du vélo, et la rénovation du parc de logement sociaux : la modernisation des dispositifs de chauffage et une meilleure isolation des habitations ont aussi une influence majeure sur la baisse de la pollution ».
« Parmi les mesures envisagées pour améliorer la qualité de l’air, la création de la ZFE à Montpellier a pris du plomb dans l’aile »
Il faudra une autre étude pour faire le point sur l’évolution de la pollution depuis 2019 à 2024, et Atmo Occitanie y travaille déjà, notamment sur Montpellier où les collectivités planchent sur le prochain Plan de Protection de l’Atmosphère : « ce que l’on peut dire, d’après nos relevés de 2022 et 2023, c’est que la baisse de la pollution stagne depuis quelques années », affirme Dominique Tilak qui assure, avec Patrice Poinat, qu’il faut poursuivre l’effort. « La baisse de la pollution atmosphérique a déjà infléchi la courbe des décès sur Montpellier, où la mortalité des adultes à partir de 30 ans liée au dioxyde d’azote a diminué de 40 % en 10 ans, et celle due aux particules fines de 19 % », plaident-ils
Par tranches de 100 000 habitants, cela ramène Montpellier de 25 décès/an à 15 décès/an liés au NO2. « Atteindre les normes de l’OMS permettrait de sauver toutes ces vies », assure le médecin, qui maintient le même diagnostic pour les décès liés aux PM2.5 : « Nous étions à 113 décès/an et nous sommes passés à 92 décès/an… Les normes de l’OMS permettraient aussi d’éviter ces 92 décès par tranche de 100 000 habitants… Pour les maladies de l’asthme chez les 0-17 ans, la baisse est déjà de 43 %. Mais il faut continuer et accentuer les efforts pour parvenir à un air plus sain ».
15 000 litres d’air par jour
Mais le « chemin à parcourir » sera long et couvert d’épines… Parmi les mesures envisagées pour améliorer la qualité de l’air, la création de la ZFE à Montpellier a pris du plomb dans l’aile. Cette mesure, largement et sévèrement appliquée depuis plusieurs année en Italie, fait justement partie des solutions capables de permettre aux grandes villes de se rapprocher des normes de l’OMS, et aux habitants de respirer leur 15 000 litres d’air quotidien (soit les besoins journaliers d’un adulte) sans mettre leur vie en danger. Mais récemment, deux maires de la métropole de Montpellier se sont ouvertement prononcés contre la ZFE…
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