Alexandra Bresson
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Si vous êtes quelqu’un qui souffre régulièrement de migraines, vous comprenez quel impact sérieux ces épisodes peuvent avoir sur la qualité de vie. Pour rappel, la migraine se traduit par des maux de tête particuliers qui peuvent durer quelques heures à quelques jours. Selon l’Inserm, « la migraine est une maladie chronique caractérisée par des crises récurrentes qui se traduisent essentiellement par d’intenses céphalées. On distingue deux principaux types de crises migraineuses : les crises de migraine sans aura, et les crises de migraine avec aura, c’est-à-dire accompagnées ou précédées par des troubles neurologiques transitoires. » Le plus souvent, les migraineux présentent des crises de migraine dites « sans aura ». Elles se manifestent par une céphalée modérée à sévère qui dure de 4 à 72 heures (sans traitement ou avec un traitement inefficace), ces crises sont associées à des nausées, voire des vomissements, et/ou une hypersensibilité à la lumière et au bruit (photophobie et phonophobie). Chez 20 à 30% des migraineux, la céphalée est précédée ou s’accompagne d’une aura, un trouble neurologique transitoire entièrement réversible.
L’Assurance maladie souligne pour sa part que cette maladie neurologique, qui touche 15 % de la population mondiale, est la conséquence d’une hyperexcitabilité électrique des neurones. « Ce phénomène est lui-même lié à une prédisposition génétique, modulée par des facteurs environnementaux (hormones, stress, aliments…). La douleur de la crise migraineuse est secondaire à une dilatation des vaisseaux cérébraux, notamment des artères des méninges (membranes protégeant le cerveau). Cette dilatation est provoquée par une stimulation anormale des nerfs qui innervent les vaisseaux méningés. La migraine résulte donc d’un phénomène neurovasculaire. », indique-t-elle. Pour diminuer la fréquence des crises de migraine, il est conseillé aux patients d’éviter les facteurs de risque identifiés (alcool, stress, fatigue, émotions fortes…) comme déclenchants en adoptant une bonne hygiène de vie. Toujours est-il qu’un traitement médicamenteux s’impose bien souvent pour traiter la crise de migraine (médicaments antalgiques non spécifiques, médicaments spécifiques comme les triptans) ainsi que que la prévenir (traitement de fond).
« L’acupuncture a montré ses effets bénéfiques contre la migraine »
Mais la prise au long cours de ces médicaments n’est pas dénuée d’effets secondaires, sachant en outre que l’efficacité n’est pas toujours au rendez-vous. A ce titre, une pratique issue de de la médecine « douce » ou « alternative » pourrait se révéler être une option intéressante. De quoi s’agit-il ? De l’acupuncture, une pratique issue de la tradition médicale chinoise qui consiste en la stimulation de « points d’acupuncture » sur divers endroits du corps à l’aide de techniques qui peuvent être physiques (implantation d’aiguilles, dispositifs d’acupression, application de ventouses, d’aimants, lasers…). Selon les précisions du ministère de la Santé, les pathologies pour lesquelles l’acupuncture est la plus souvent pratiquée* sont d’ores et déjà très variées : douleurs chroniques (lombalgie, arthrose, névralgie, fibromyalgie, mal de tête), anxiété, dépression, insomnie chronique, troubles liés à la grossesse (nausées, lombalgies et sciatique, éversion fœtale) et addictions (tabac, alcool, drogues). Cependant, de nombreuses études se sont penchées sur l’efficacité de l’acupuncture pour aider les patients à diminuer leur nombre de migraines.
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Ainsi, la Bibliothèque Cochrane a publié une méta-analyse en 2016 démontrant que pour des patients(-es) souffrant de migraines, l’acupuncture pouvait diminuer la fréquence de leurs crises de 6 jours par mois à 3.5 jours. « L’acupuncture a montré ses effets bénéfiques contre la migraine, des méta-analyses prouvent son efficacité. Sur la base de ces études, plusieurs sociétés internationales comme la société française de neurologie recommandent son utilisation en tant que traitement non médicamenteux, avec un fort degré de recommandation. », affirme le Dr Claire Boland, Service de médecine interne et néphrologie, spécialiste acupuncture à la clinique Saint-Jean de Bruxelles dans un point d’information organisé par l’association La Voix des Migraineux. Mais quel est son mécanisme d’action ? Suite à des stimuli nerveux, on constate dans la migraine une inflammation et une dilatation des artères dans le cerveau. C’est cette augmentation de la circulation sanguine dans le cortex cérébral qui cause la douleur atroce qui accompagne la migraine. L’acupuncture agirait sur les vasodilatations cérébrales responsables de ces douleurs intenses.
Acupuncture : à chaque patient sa prise en charge spécifique
Avec des séances régulières, cette pratique agirait sur les crises en elles-mêmes. Plus précisément, « l’acupuncture diminue leur fréquence, intensité et durée. Les patients qui tiennent un calendrier de la migraine vont souvent observer une diminution de ces paramètres. Tous les effets possibles ne sont encore élucidés mais elle intervient en ayant une activité de protection neuronale car l’un des mécanismes de la migraine est la neuro inflammation : elle va agir sur ce paramètre et il y aura ainsi moins de libération d’inhibiteurs du peptide lié au gène de la calcitonine (CGRP, substance présente à l’état naturel dans le corps qui joue un rôle clé dans le mécanisme des migraines) avec pour conséquence une réduction de la sensibilisation neuronale. », ajoute le Dr Claire Boland. Cette dernière précise que l’acupuncture est également susceptible de soulager certaines conséquences liées, comme le stress et les troubles du sommeil, permettant ainsi d’améliorer la qualité de vie des patients. Les études sur le sujet n’écartent toutefois pas le fait que les participants étaient probablement intéressés par ce traitement, ce qui peut avoir augmenté l’effet placebo.
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Reste à savoir si l’acupuncture peut-être considérée comme une option à long terme, car il est conseillé aux patients de suivre plusieurs séances, et si ces derniers bénéficient par la suite d’une amélioration durable. Le Dr Boland atteste que « le plus important est de s’adapter en fonction du patient, de son terrain. On l’interroge en début de consultation pour connaître les symptômes qui accompagnent ses crises de migraine et les facteurs qui favorisent leur apparition. Quand on le revoit, on fait le point et on adapte. Le nombre de séances nécessaires est variable, même si on a très souvent une sensation de détente dès la première. En 3 à 5 séances, on sent que l’on va de mieux en mieux, et si ce n’est pas toujours suffisant certaines études parlent de 8 à 10 séances. Il n’y a pas de règles définies mais il est important de les rapprocher au début, une à deux par semaine. Puis plus ça va et plus elles sont espacées, ensuite il faut trouver le rythme qui convient. » Les études ne permettent pas, en revanche, de savoir quel type de migraine a le plus de chance de s’améliorer : par exemple, est-ce que quelqu’un avec des tensions musculaires va mieux répondre ?
Bien que des précisions sont donc attendues dans ce domaine, l’acupuncture a l’avantage majeur de présenter très peu de risques d’effets indésirables graves… si elle est pratiquée dans le contexte d’un exercice contrôlé (pratiqué par des membres des professions médicales formés, avec utilisation d’aiguilles stériles à usage unique). Le ministère de la Santé tient toutefois à mettre en garde sur le fait que « si les risques semblent très limités lorsque l’acupuncture est pratiquée en complément d’un traitement médical standard, il existe des risques d’aggravation des symptômes si elle se substitue à un traitement dont l’efficacité est prouvée. »Le constat est le même pour La Voix des Migraineux qui certifie également que l’acupuncture peut aider quand elle vient en complément d’une thérapie classique, à savoir médicamenteux. Selon les conclusions du Dr Boland quant à cette question, « tout dépend de la sévérité des symptômes, le but est plutôt de l’associer au traitement médicamenteux avant de diminuer ce dernier et pourquoi pas de l’arrêter complètement mais il s’agit pour l’instant d’une approche complémentaire. » Il revient donc à chacun de décider de l’essayer ou non.
le 11/09/2024
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