Le Dr Hélène Villars, gériatre au CHU de Toulouse, aborde les défis du vieillissement, notamment la gestion des maladies chroniques, l’importance du maintien de l’autonomie, et les innovations médicales pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées.
La génération du baby-boom avance en âge et va intégrer les Ehpad qui éprouvent déjà des difficultés, à quoi faut-il s’attendre ?
Cette génération bénéficie d’une bonne santé globale, avec peu de mortalité, c’est heureux, mais cela entraîne un afflux important de personnes âgées de 75 à 85 ans vers ces établissements. Dans la continuité, en 2030, il y aura une hausse spectaculaire du nombre de résidents de plus de 85 ans, sujets à beaucoup plus de pathologies. Dans les cinq ans qui viennent, les autorités doivent prévoir 100 000 places de plus dans les Ehpad. En fonction des projections démographiques existantes, il en faudra 320 000 supplémentaires, mais on constate que le modèle classique des Ehpad est en fin de vie. Récemment, on a vu émerger de nouvelles formes de prise en charge adaptées à ces besoins changeants. C’est indispensable, surtout quand on considère l’attachement des baby-boomers à la liberté de choix et à l’indépendance, plus marqué que chez les générations précédentes.
Quelles sont les solutions qui se développent ?
Tout d’abord, il existe des alternatives aux maisons de retraite, comme l’habitat partagé, où des personnes âgées vivent avec des plus jeunes ou entre elles, en partageant les espaces communs. Cependant, il est probable que nous nous dirigions dans les décennies à venir vers des Ehpad hybrides où, à l’intérieur de la structure, il y aura des chambres médicalisées couplées à des logements dits « normaux » pour des étudiants ou des personnes dans la vie active. Les services proposés par l’Ehpad seraient accessibles à tous.
Comment résoudre la pénurie de personnel soignant qui touche le secteur ?
À l’heure actuelle, il y a 400 000 salariés dans les Ehpad dont les professions restent, malgré les efforts récents, peu valorisées. Les métiers du soin exigent une grande capacité d’écoute et beaucoup d’empathie. On considère souvent que ces qualités sont naturellement présentes chez les femmes. Comme c’est naturel, cela ne donne pas lieu à la rémunération réelle que méritent ces tâches. En cassant, ce stéréotype, on améliora la situation.
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