Ces sports pourraient grandement améliorer la qualité de votre microbiote

Ce que nous ingérons et buvons peut avoir un impact sur la qualité de notre microbiote intestinal, et donc, le sport a, lui aussi, son mot à dire.

De manière générale, bien que l’on ne sache pas encore parfaitement comment l’activité physique agit sur celui-ci, “les études montrent qu’elle est bénéfique dans presque toutes les situations”, explique le Dr Julien Scanzi, hépato-gastroentérologue et auteur du livre Alimentation, Incroyable Microbiote, à paraître le 26 octobre 2024 aux éditions Leduc.

Selon l’expert, certaines démontrent même que les sportifs auraient “un microbiote plus riche et plus diversifié, selon la définition supposée de ce qu’est un ‘meilleur microbiote’”.

Alors comment s’assurer une bonne santé intestinale, mais surtout, en pratiquant quelle activité physique ?

Bien qu’ils soient très étudiés par les chercheurs à travers le monde, le microbiote intestinal et son mécanisme demeurent un immense mystère. L’impact du sport sur celui-ci, en est encore un. Pourtant, de nombreuses études s’y intéressent et les conclusions tendent souvent vers les bénéfices d’une pratique sportive.

Une recherche publiée dans Experimental Physiology, en février 2019, soutient que l’exercice physique pourrait améliorer la santé globale en augmentant la diversité bactérienne intestinale. Plus précisément, l’amélioration de la condition cardio-respiratoire, c’est-à-dire la capacité à envoyer de l’oxygène vers nos tissus, induite par le sport, serait une façon de s’assurer une diversité de micro-organismes importante et une meilleure santé générale.

Mais il aurait également un effet sur les performances sportives. “Encore une fois, les connaissances ne sont pas encore des preuves formelles, mais le microbiote intestinal aurait un effet notamment sur l’endurance, car certaines bactéries participeraient à la performance”, poursuit-il. 

Il ajoute que “certaines bactéries se serviraient de l’acide lactique produit pendant le sport pour produire des acides gras à chaînes courtes qui vont ensuite nourrir les cellules de l’organisme”.

En ce qui concerne la récupération sportive, “il est probable que le microbiote joue, là aussi, un rôle, mais les études sont encore peu nombreuses avec un nombre de sujets analysés assez réduit”, indique le gastroentérologue.

Marche, vélo, natation : quels sports favoriser ?

En réalité, la communauté scientifique est encore incapable de déterminer quel est le sport idéal soutenant une bonne diversité des micro-organismes, d’une part parce que les preuves sont encore peu nombreuses, d’autre part, car “la composition du microbiote peut être différente d’une personne à l’autre, qu’il y a une multitude de facteurs à prendre en compte, à commencer par l’alimentation et que les besoins en bactéries intestinales divergent d’un individu à l’autre”, explicite le Dr Scanzi.

Jusqu’ici, les effets différents d’un sport à l’autre sur le microbiote et la relation d’interdépendance qui lie les deux notions ont été mesurés.

Ainsi, une étude publiée dans la revue Microbiome, en 2017, recherchait les conséquences d’une pratique du vélo sur celui-ci, auprès de 33 cyclistes, dont 22 professionnels et 11 amateurs.

Dans le groupe des professionnels, une bactérie se distinguait : M. smithii, connue des chercheurs pour réduire le temps de récupération et donc, améliorer les performances. Une autre, appelée Prevotella, un “genre bactérien qui s’avère particulièrement intéressant pour les sportifs, car il participe à la synthèse de composés qui diminuent la fatigue et réduisent les lésions musculaires liées à une activité intense”.

En effet, “selon la pratique, l’exercice ne stimule pas les mêmes micro-organismes. Mais cela peut aussi être dû au régime alimentaire ou à la prise de compléments, plus conséquente chez quelqu’un qui fait de la musculation par exemple”, détaille l’expert.

Comme mentionné dans l’étude plus haut, les sports qui stimulent le système cardio-vasculaire seraient d’autant plus efficaces. “La marche et la course à pied, le vélo, la natation peuvent donc être envisagés”, propose-t-il, bien qu’il s’agisse d’une liste non exhaustive.

Faut-il éviter certains sports ?

Pour l’heure, impossible d’affirmer qu’il existe des contre-indications ou des activités physiques à bannir. “Au contraire”, estime le spécialiste, “l’exercice ne peut être que bénéfique, s’il est accompagné d’une bonne hygiène de vie”.

Toutefois, certaines catégories de sport “sont susceptibles d’altérer la santé intestinale comme les pratiques d’endurance extrêmes, telles que le triathlon Iron Man ou l’ultra trail”, qui peuvent être délétères sur l’intestin et le microbiote, car “il y a un risque d’ischémie hyperfusion, ce qui correspond à un manque d’apport en oxygène dans les tissus, notamment intestinaux, privés en premier lors de l’effort”, conclut-il.

Sans encadrement et sans accompagnement, les pratiques trop intenses sont à éviter pour préserver son microbiote intestinal. Et cela,“surtout chez quelqu’un qui n’est pas entraîné, puisque cela peut entraîner des dégâts : inflammation, augmentation de la perméabilité intestinale, problèmes de transit, ballonnements et douleurs”, affirme le spécialiste.

Les bons réflexes pour préserver son microbiote

Pour le gastroentérologue, de manière générale, “pour s’épargner tout désagrément et inconfort intestinal, il n’est pas recommandé de se lancer dans une grande séance de sport intensive juste après un repas”. 

Plus largement, une hygiène de vie saine est la clé d’un microbiote apaisé : l’alimentation, le sommeil, “que ce soit la durée et la régularité, particulièrement apprécié du microbiote et de l’organisme”, mais aussi une hydratation normale et la pratique d’une activité physique régulière sont des facteurs déterminants.

C’est d’ailleurs là que réside toute la difficulté de trouver des réponses : le microbiote intestinal est influencé par tous les facteurs, internes et externes.