Cancer du sein : la qualité de vie se dégrade davantage chez les femmes socialement défavorisées

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France et Suisse—Une équipe de chercheurs de l’Inserm, de Gustave Roussy, de l’Université de Genève (UNIGE) et des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) s’est penchée sur l’impact des inégalités économiques sur la qualité de vie des personnes atteintes d’un cancer du sein.

« Nous voulions savoir dans quelle mesure les inégalités sociales évoluaient après le diagnostic, les traitements, mais aussi dans les deux ans qui suivent », explique Gwenn Menvielle, directrice de recherche à l’Inserm et à Gustave Roussy, et co-autrice de l’étude[1].

5900 femmes ont été incluses dans l’étude et des questionnaires sur leur état de santé et leur qualité de vie ont été recueillis un an, puis deux ans après le diagnostic.

« Nous avons pris en compte des facteurs tels que l’âge, le stade du cancer au diagnostic, les traitements reçus. Les femmes socialement défavorisées sont généralement diagnostiquées à un stade plus tardif, ont souvent un traitement plus lourd, avec un impact plus important sur leur qualité de vie », souligne Gwenn Menvielle.

Les femmes défavorisées ont une double peine

Baisse de qualité de vie plus marquée chez les femmes socialement défavorisées

Les chercheurs ont examiné plusieurs domaines de la qualité de vie dont l’état général, la fatigue, les douleurs, l’état psychique et les nausées, en regard de plusieurs indicateurs socio-économiques : niveau d’études, revenu du foyer en tenant compte du nombre de personnes dans le foyer, et situation financière perçue. La combinaison de ces éléments a permis de déterminer un score où 0 indique l’absence d’inégalités.

« Les résultats montrent qu’au moment du diagnostic, la qualité de vie est meilleure chez les femmes socialement favorisées, ce que nous savions déjà. Mais nous avons aussi constaté qu’au cours des traitements et dans les deux ans suivants, toutes les femmes expérimentent une baisse de leur qualité de vie, qui est encore plus marquée chez les femmes socialement défavorisées. Cette diminution est très générale, tous les domaines étudiés sont impactés. Elle a lieu l’année qui suit le diagnostic, lorsqu’elles reçoivent le traitement, mais se maintient par la suite ».

Au diagnostic, les inégalités de qualité de vie entre les deux extrêmes socio-économiques sont notables, avec un score de 6,7. Le score augmente à 11 pendant le traitement, puis se maintient à 10 deux ans après le diagnostic, soit à un niveau plus élevé qu’à l’annonce du diagnostic.

« Les femmes défavorisées ont une double peine. Elles commencent avec une moins bonne qualité de vie et subissent ensuite une baisse plus importante que les femmes plus favorisées », résume Gwenn Menvielle.

Il faudrait orienter de manière plus systématique vers des structures d’aide qui existent

Impact sur les soins de support

Pour elle, les conditions de vie de chaque personne ont un impact non seulement sur l’accès aux soins, mais aussi sur les soins de support permettant d’améliorer la qualité de vie.

« Tout le monde n’a pas accès à de l’activité physique, un soutien psychologique, une visite chez un diététicien, ou encore de la méditation, de la sophrologie ou du yoga. Des barrières financières, de temps ou de géographie peuvent exister. Or, tous ces facteurs sont très liés à la qualité de vie », souligne-t-elle.

Actuellement, peu d’études se sont intéressées spécifiquement à cette thématique, mais elle estime qu’il n’y a « aucune raison valable de penser que ce phénomène serait spécifique au cancer du sein », même si cela s’observe d’autant plus que « la survie est bonne avec ce cancer ».

Pour elle, il est possible d’agir à plusieurs niveaux pour améliorer les choses.

« Au niveau du système de soins, il faudrait permettre un accès plus égal. En France, tout le monde est soigné, mais c’est plus compliqué d’accéder à des soins de support. Par ailleurs, la santé est aussi liée à la façon dont on aménage le territoire, aux politiques de l’éducation nationale. Il faut également agir à ces niveaux, ce qui est un travail de longue haleine », estime-t-elle.

« Au niveau national, le remboursement de l’activité physique sur prescription est déjà prévu et c’est très important pour améliorer la qualité de vie des personnes. Par ailleurs, un projet de loi était en discussion pour permettre un meilleur remboursement du parcours de soin pour les femmes atteintes de cancer du sein, y compris des soins de support. Malheureusement, c’est actuellement bloqué vu le contexte politique », regrette-t-elle.

Pour elle, les médecins ont également un rôle à jouer. « La santé se joue largement en-dehors du système de soin. C’est important que lorsqu’un médecin voie un patient, il puisse essayer de le prendre en compte dans sa globalité et en fonction de son environnement social. Il faudrait orienter de manière plus systématique vers des structures d’aide qui existent ».

Liens d’intérêts des experts : aucun

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