Amylose à transthyrétine avec cardiomyopathie : l’ARN interférent vutrisiran offre une nouvelle option de traitement

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LONDRES – Le vutrisiran, un ARN interférant, a significativement amélioré la mortalité, les événements cardiovasculaires et les marqueurs de progression de la maladie chez les patients atteints d’amylose à transthyrétine avec cardiomyopathie (ATTR-CM), selon l’étude HELIOS-B présentée lors d’une session Hot Line au Congrès 2024 de l’ESC[1].

 

S’il est validé par les autorités sanitaires, le vutrisiran a le potentiel pour devenir la nouvelle norme de soin Pre Marianna Fontana

 

Cibler la production de transthyrétine

L’ATTR est une maladie progressive et mortelle qui se traduit par une accumulation de la protéine transthyrétine mal repliée sous forme de dépôts amyloïdes dans diverses parties du corps, dont le cœur. Cela conduit à une atteinte cardiaque progressive qui s’accompagne d’arythmies, entrainant un déclin fonctionnel de l’organe et une altération de la qualité de vie, augmentant les hospitalisations et réduisant la survie. 

« Grâce à un diagnostic plus précoce, à une meilleure gestion de l’atteinte cardiaque, les patients ont aujourd’hui des maladies à un stade moins avancé, et sont traités par tafamidis, inhibiteurs des cotransporteurs sodium-glucose de type 2 (gliflozines) et diurétiques », a indiqué en préambule la Pre Marianna Fontana, de l’University College London, Royal Free Hospital, Londres (Royaume-Uni).

« Dans ce contexte, nous avons cherché à savoir si un nouveau traitement par ARN interférent (ARNi), le vutrisiran, qui cible la production de transthyrétine, pouvait améliorer les résultats cliniques chez les patients atteints d’ATTR-CM, et les résultats sont très prometteurs », a-t-elle poursuivi.

HELIOS-B est un essai randomisé en double aveugle mené chez des patients atteints d’ATTR-CM (héréditaire ou de type sauvage) présentant des signes d’amylose cardiaque à l’échocardiographie et des dépôts d’amyloïde ATTR confirmés. Les patients ont été randomisés dans un rapport 1:1 pour recevoir 25 mg de vutrisiran ou un placebo administré par voie sous-cutanée une fois tous les 3 mois pendant une durée maximale de 36 mois. Si le patient recevait déjà un traitement stabilisateur de la maladie, le tafamidis, celui-ci a été poursuivi.

40 % des participants prenaient du tafamidis au début de l’étude

Les deux critères d’évaluation principaux étaient un composite de mortalité toutes causes confondues et d’événements cardiovasculaires récurrents lorsque le dernier patient atteignait le 33e mois, évalués dans la population globale et chez les patients prenant le vutrisiran en monothérapie (c’est-à-dire ceux qui ne prenaient pas de tafamidis au début de l’étude).

Les critères d’évaluation secondaires (évalués dans la population globale et chez les patients sous vutrisiran en monothérapie) étaient la mortalité toutes causes confondues jusqu’à 42 mois, l’évolution de la capacité fonctionnelle (test de marche de 6 minutes) entre le début de l’étude et le 30e mois, la qualité de vie (résumé global du questionnaire sur la cardiomyopathie de Kansas City) et la classe NYHA (New York Heart Association).

Au total, 655 patients ont été recrutés dans 87 centres de 26 pays. L’âge médian était de 76,5 ans et 92,5 % étaient des hommes. Plus des trois quarts (77,6 %) souffraient d’insuffisance cardiaque de classe NYHA 2 et 40 % prenaient du tafamidis au début de l’étude.

Critères d’évaluation primaires validés

L’essai a satisfait aux critères d’évaluation primaires : le vutrisiran a réduit de manière significative le risque de mortalité toutes causes confondues et d’événements cardiovasculaires récurrents de 28 % dans la population globale (rapport de risque [RR] 0,72 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 0,56-0,93 ; p=0,01) et de 33 % dans la population en monothérapie (RR 0,67 ; IC à 95 % 0,49-0,93 ; p=0,016). Dans une analyse de sous-groupe préspécifiée, le taux composite de mortalité toutes causes confondues et d’événements cardiovasculaires récurrents a été réduit de plus de 20 % chez les patients recevant un traitement de fond par tafamidis (HR 0,79 ; IC à 95 % 0,51-1,21).

Le vutrisiran a réduit la mortalité toutes causes confondues sur 42 mois de 36% dans la population globale (HR 0,64 ; 95% CI 0,46-0,90 ; p=0,01) et de 35% dans la population en monothérapie (HR 0,65 ; 95% CI 0,44-0,97 ; p=0,045) par rapport au placebo. D’autres critères d’évaluation secondaires liés à la capacité fonctionnelle, à l’état de santé et à la qualité de vie ont été améliorés de manière significative avec le vutrisiran par rapport au placebo.

La majorité des effets indésirables ont été légers ou modérés avec le vutrisiran. Les événements indésirables ayant conduit à l’arrêt de l’étude ont été similaires dans les groupes vutrisiran (3,1 %) et placebo (4,0 %).

Le potentiel pour devenir la nouvelle norme de soin

La Pre Fontana a conclu : « Le vutrisiran s’est avéré très efficace et bien toléré dans cette population contemporaine représentative des patients que nous voyons dans nos cliniques, avec des bénéfices constants quel que soit le traitement de fond par tafamidis. Il a démontré un bénéfice significatif sur de multiples mesures cliniques de progression de la maladie, y compris les marqueurs cardiaques comme le NT-proBNP ».

« S’il est validé par les autorités sanitaires, le vutrisiran a le potentiel pour devenir la nouvelle norme de soin, a-t-elle considéré.

« Cet essai est également important car il est le premier avec un médicament de cette classe thérapeutique que sont les inhibiteurs de gènes (knockdown molecule) », a ajouté l’oratrice. Contrairement au tafamidis – un stabilisateur de la transthyrétine qui se lie sélectivement à la transthyrétine, stabilisant le tétramère de la protéine de transport de la transthyrétine et ralentissant la formation de dépôts amyloïdes – le vutrisiran est susceptible de cibler le gène TTR de la souche sauvage et de la souche mutée.

Interrogée en conférence de presse sur la place du vutrisiran [par rapport au tafamidis], la Pre Fontana a affirmé qu’il était adapté à une prise en 1ère ligne, en complément, ou en remplacement (switch). Il a le potentiel d’être utile dans ces 3 situations, a-t-elle précisé.

Quant au choix de la première molécule à utiliser chez un patient naïf, l’oratrice a reconnu, qu’en l’absence d’étude de comparaison des molécules 2 à 2, « il était difficile de dire par lequel commencer » – sachant que le tafamidis et le vutrisan ont des mécanismes d’action différents.

L’étude a été financée par Alnylam. 

Déclarations : Marianna Fontana déclare faire partie de conseils consultatifs pour Alnylam, Alexion/Caelum Biosciences, AstraZeneca, Bridgbio/Eidos, Prothena, Attralus, Intellia Therapeutics, Ionis Pharmaceuticals, Cardior, Lexeo Therapeutics, Janssen Pharmaceuticals, Prothena, Pfizer et Novo Nordisk. Elle a reçu des subventions de recherche de : Alnylam, Bridgbio, AstraZeneca et Pfizer. Salaire provenant d’une bourse intermédiaire de la British Heart Foundation. Elle détient des parts de LexeoTherapeutics et de Mycardium.

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